Thursday, August 02, 2007

Maîtres anciens

Maîtres anciens


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Les maîtres de l´art ancien font la fierté des musées les plus prestigieux et de quelques collectionneurs peu enclins à se séparer de leurs chefs-d´œuvre. La pénurie d´œuvres, alliée à la tentation du prestige d´une grande signature, emmène quelques toiles, mais aussi des dessins, vers des enchères spectaculaires. Cependant, les amateurs peuvent se tourner vers des signatures moins connues du grand public ou vers des dessins et des estampes, dont le marché foisonne.

La cote de l´art ancien s´est considérablement essoufflée depuis le pic atteint en 1990. Elle n´a jamais retrouvé les sommets de l´époque et affichait en 2007 un indice des prix presque deux fois moindre que 17 ans plus tôt. Ce tassement du marché n´empêche pas quelques adjudications exceptionnelles pour les rares toiles de qualité muséale soumises à la velléité des collectionneurs. Les années 2000 ont en effet été le théâtre de compétitions d´acheteurs multi-millionnaires dont quelques enchères spectaculaires. En tête, celle signée par Peter Paul RUBENS en juillet 2002 : Sotheby´s présentait à Londres Le Massacre des innocents (c.1608-1609) qui devint l´une des peintures les plus coûteuses au monde avec une adjudication à 45 millions de livres sterling, soit plus de 70 millions d´euros. L´œuvre propulsait le produit des ventes annuel de Rubens de +1 790% ! Outre l´esthétique baroque de Rubens, les vues vénitiennes d'Antonio Canal CANALETTO séduisent toujours les collectionneurs européens et anglo-saxons. Le produit des ventes de l´artiste italien est le plus important des maîtres anciens depuis 1990 : la dispersion de ses œuvres a dégagé plus de 166,7 millions d´euros sur les 17 dernières années. Les toiles de belles dimensions (plus d´un mètre) s´échangent plus chèrement que dans les années 90, soutenues par un record en 2005 à hauteur de 16,65 millions de livres sterling pour Venise, the Grand Canal, looking North-East from Palazzo Balbi (plus de 29 millions de dollars, Sotheby's, Londres). Ses œuvres secondaires sont de plus en plus rares : un capriccio ou une vedute à l´encre de Canaletto est difficile a acquérir car, depuis 2001, on compte tout juste une œuvre soumise annuellement aux enchères. Ces petits travaux s´échangent aujourd´hui entre 50 000 et 100 000 euros en moyenne.

L´assèchement du marché est plus frustrant encore concernant les artistes des XVème et XVIème siècles. L´acquisition d´une signature à la résonance prestigieuse telle que Lucas I CRANACH, Andrea MANTEGNA, LEONARDO DA VINCI ou MICHELANGELO s´avère un exercice difficile. Ici encore, les collectionneurs se livrent à de véritables compétitions d´enchères lorsqu´une pièce de belle qualité sort de l´ombre, y compris pour des œuvres secondaires (dessins, esquisses) qui peuvent atteindre des sommets. Imaginez… une collection enrichie d´un Michel-Ange ou d´un Leonard de Vinci ! L´idée est séduisante mais il faut s´armer de patience avant d´espérer enchérir sur de tels noms. Michel-Ange est, par exemple l´un des plus rares aux enchères et le marché est uniquement alimenté par quelques dessins : depuis 1990, seuls six papiers travaillés à l´encre ou au fusain furent proposés pour un produit des ventes total de plus de 32,4 millions d´euros. Ces dessins constituaient des études préparatoires pour des œuvres de plus grande envergure. Malgré l´inachèvement de ces feuilles, le prestige de la signature engage les collectionneurs vers des enchères à plusieurs centaines de milliers, voire à des millions d´euros. Le papier le plus cher de Michel-Ange décrochait 7,4 millions de livres sterling en juillet 2000 chez Christie´s Londres (The Risen Christ: Three-Quarter Nude/Study of the Same Figure, étude à l´encre, au fusain et à la sanguine). Son contemporain, Leonard de Vinci, dont la Joconde est devenu le symbole de la peinture renaissance, affiche la même enchère record, signée un an plus tard dans la même maison de ventes. Son dessin à 7,4 millions de livres sterling est un travail intitulé Horse and Rider sur une feuille de 12 x 8 cm ! Le prix de l´exception puisque seuls trois dessins de l´artiste furent soumis aux enchères ces 10 dernières années.

La peinture ancienne n´est cependant pas le terrain de chasse gardé de collectionneurs millionnaires. Nombres de toiles secondaires sous de grandes signatures, ou des artistes moins connus du grand public demeurent accessibles aux budgets plus modestes. L´anglais Thomas GAINSBOROUGH, dont les portraits sont très prisés (entre 20 000 et 50 000 euros en moyenne), affiche quelques toiles accessibles pour moins de 5 000 euros à l´instar de Landscape with Trees and rocky Outcrop, une huile vendue 2 500 livres sterling (3 719 euros en février 2007, chez W.H. Lane & Son, Penzance, Cornwall). Les secteurs du dessin et de l´estampe offrent plus d´opportunités. Pour moins de 1 000 euros, il est possible d´acquérir des travaux d´Augustin PAJOU, de Victor Jean NICOLLE, de Jean PILLEMENT, de Louis Félix LARUE de et même, pour l´amateur prompt aux découvertes, des œuvres anonymes « attribuées à ».

Si le marché des plus grands maîtres anciens est pauvre en peintures et dessins, il et cependant abondant en gravures sous les signatures de REMBRANDT VAN RIJN, Albrecht DÜRER ou Francisco GOYA Y LUCIENTES. Chez Goya par exemple, les auctioneers dispersent parfois des lots de plusieurs gravures. Ainsi, la série de 80 feuilles des Désastres de la guerre fut emportée pour 62 000 euros le 1er juin dernier à Hambourg (Hauswedell & Nolte), soit une valeur moyenne de 775 euros par gravure. Très prisés, les travaux au burin de Dürer trouvent preneur à partir de 1 000 euros. Le 28 juin dernier par exemple, La dame à cheval et le Landsquenet (10,2x7,2 cm) fut adjugée 2 350 euros chez Rossini à Paris. Cependant, certaines feuilles de Dürer s´envolent à prix d´or. Parmi les plus convoitées, citons Adam and Eve (1504) qui a dépassé à plusieurs reprises le seuil des 100 000 dollars ! C´était le cas en décembre dernier chez Christie´s ou le précieux papier décrochait 55 000 livres sterling (plus de 81 000 euros, Londres). Quant à la production gravée de Rembrandt, la plus riche des maîtres anciens, elle s´étend sur 40 ans (1628 – 1665). Des 300 estampes connues, l´artiste a créé de nombreux états dont la large diffusion lui permis d´accéder à la célébrité de son vivant. Certaines estampes affichent une cote supérieure à des dessins originaux de la même signature. Citons par exemple Le Paysage aux trois arbres de 1643, le plus grand paysage gravé de Rembrandt (21,3x27,9 cm), qui atteignait le prix de l´exception le 9 juin 2006 en décrochant 255 000 euros (sous le titre Die Landschaft mit den drei Bäumen, Hauswedell & Nolte à Hamburg). Son œuvre gravée fait du maître néerlandais l´artiste le plus présent en ventes publiques avec plus de 5 400 œuvres ayant changé de main depuis 1990.

Les collectionneurs privilégient, outre la signature, l´aboutissement de l´œuvre et sa bonne conservation. Difficile à cerner pour les néophytes, le marché de l´art ancien oscille entre de rares chefs-d´œuvre réservés à un public aisé et des œuvres plus confidentielles dont le marché demeure raisonnable.

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