La bulle spéculative du marché de l´art atteint son pic en novembre 2007
La bulle spéculative du marché de l´art atteint son pic en novembre 2007
Pour 2007, le marché de l´art affiche pour la 7ème année consécutive une hausse des prix. La progression annuelle à l´échelle mondiale s´élève à +18%. Elle accompagne un produit de ventes de Fine Art de 9,2 milliards de dollars, en progression de +43,8% sur l´année, gonflé par la multiplication des enchères millionnaires. Les marteaux des maisons de ventes sont tombés 1 254 au delà du million de dollars en 2007, contre 810 en 2006. 2006 affichait déjà un niveau de transactions jamais enregistré jusqu´alors. 2007 est un millésime hors norme.
La fin d´année, ponctuée de résultats époustouflants, notamment dans le domaine de l´art contemporain, spéculatif et volatil, était pourtant incertaine eux égards à une conjoncture défavorable. Entre la crainte de la facture de la crise des subprimes dévoilée dès le mois d´août, une bourse mondiale sensible et une économie américaine inquiète, rien ne laissait présager un marché de l´art fort en novembre et décembre 2007. Tellement soutenu que Sotheby´s enregistra sa meilleure vente de tous les temps le 14 novembre avec un résultat de 316 millions de $ pour sa vente « Contemporary Art Evening », devant les 286 millions de $ pour sa vente « Impressionist et Modern Art » de mai 1990. La veille, sa rivale Christie´s enregistra un chiffre d´affaires de 325 millions de $.
Afin de profiter de cet engouement, nombre d´acteurs ont remis sur le marché des pièces acquises quelques années plus tôt à des prix très en deçà de ceux négociés actuellement. Il suffit de consulter une sélection d´allers-retours pour voir à quel point l´œuvre d´art peut séduire en tant qu´actif spéculatif. Que dire de ce portrait d´Elizabeth Taylor par Andy WARHOL vendu 21 millions de $ chez Christie´s, alors qu´il avait été acquis 3,25 millions de dollars par l´acteur Hugh Grant à peine 6 ans plus tôt ? Comment justifier, autrement que par le jeu de la spéculation, qu´une toile de Frank AUERBACH (Reclining Figure of Jym, 1985) puisse trouver preneur à 270 000 £ contre 30 000 £ en octobre 2003 ! A ce jeu, même une valeur sûre comme Claude MONET reprend des couleurs par rapport à 1990, au sommet de la précédente bulle spéculative : Waterloo Bridge, temps couvert a été adjugé 16 millions de £ (31,7 millions de $) le 18 juin 2007 à Londres à un collectionneur américain, décuplant le prix payé par son ancien propriétaire 17 ans auparavant. Ces juteuses opérations ne sont pas l´apanage exclusif des collectionneurs les plus fortunés.
Même à moins de 10 000 euros, secteur qui représente traditionnellement 90% des transactions, de tels allers-retours sont tout aussi fréquents. Nombre d´exemples illustrent le va-et-vient spéculatif. Un simple passage de frontière permet encore de spéculer facilement d´une salle des ventes à une autre. Jeune fille avec chat et fleurs, une encre d´Odilon REDON acquise 3 200 euros chez Christie´s Paris en décembre 2006 est repartie pour 6 500 £ (9 500 €) trois mois plus tard chez Sotheby's Olympia (Londres). Relief sur l'idée du Requiem, un pastel de Jean TINGUELY, adjugé 4 500 € en 2006 chez Villa Grisebach (Berlin) a changé de main pour 10 100 € chez Piasa (Paris) en décembre dernier. Danza, danza all'erta fratellino, une toile de Mimmo PALADINO acquise 6 000 £ (8 735 €) en juin 2006 à Londres a été disputée 30 000 € douze mois plus tard chez Meeting Art (Vercelli). « Le Tir Forain » d´André LHOTE a même été adjugé trois fois en 2007 : 8 200 € à Limoges, puis 12 580 € à Londres et enfin 20 000 € à Versailles !
Ces exceptionnels niveaux de cotation prennent désormais des allures de prix plafond, surtout en ce début d´année, où le marasme économique semble se profiler. La piètre santé de l'économie mondiale ne devrait pas épargner longtemps un marché de l´art qui n´est pas immunisé contre les fortes turbulences de la bourse. D´ici quelques semaines, avec les contractions de Wall-Street, il se peut qu´il n´y ai plus autant d´argent à dépenser dans les ventes à coup de million chez Sotheby´s ou Christie´s. A analyser la récente volatilité des prix de l´art, 2008 devrait être l´année de la correction. Un plongeon des prix de 15 à 20% pourrait affecter le marché dans les prochains mois. Faut-il rappeler qu´entre juillet 1990 et juillet 1992, l´Artprice Global Index, calculé selon la méthode des ventes répétées, affiche pour la France une chute des prix constatée de –44%.
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