Damien Hirst / Jeff Koons – Artistes et managers
Damien Hirst / Jeff Koons – Artistes et managers
Les deux artistes les plus médiatiques et les plus chers de l´art contemporain ont d´autres points en commun. Ils bénéficient d´une actualité de premier ordre, font polémique, ont enregistré leur record respectif aux enchères en 2008… et connaissent bien les rouages de la communication, voire de la finance. Le mois de septembre 2008 a consacré les deux artistes à cinq jours d´intervalle. L´Américain Jeff Koons, artiste vivant le plus coté aux enchères, se frottait à la Grande Histoire, inaugurant son exposition au Château de Versailles (10/09/2008 au 14/12/2008), tandis que Britannique Damien Hirst défrayait la chronique en passant directement par Sotheby´s pour vendre ses œuvres…
La crise des subprimes, les banques en faillite, les troubles de Wall Street… rien ne fit frémir les collectionneurs et marchands venus participer au bal d´enchères le plus médiatique de la rentrée 2008. Sotheby´s Londres, les 15 et 16 septembre dernier, se substituait aux prestigieuses galeries White Cube (Londres) et Gagosian (New York), qui promeuvent habituellement l´œuvre de Damien HIRST, en lui dédiant deux vacations. Court-circuitant son réseau traditionnel de galerie, Hirst vient d´écrire une nouvelle page de l´histoire des ventes aux enchères et de montrer que le marché est capable de digérer des œuvres au sortir de l´atelier, qui n´ont d´autre pedigree que la signature d´un artiste starisé, et ce malgré un contexte économique alarmant. Le risque pour Hirst d´être boudé par les acheteurs était majeur. Il n´en fut rien, Sotheby´s enregistra 70,5 millions £ le 15 septembre (plus de 127 millions de dollars) et 40,9 milions £ le lendemain, faisant la fortune de Hirst. En devenant son propre manager, l´artiste a trouvé le procédé le plus rentable pour vendre ses œuvres.
Les 11 jours d´exposition avant vacation, drainèrent quelques 21 000 visiteurs selon Sotheby´s. Puis la grande vente du 15 septembre, ordonnée comme un spectacle, fut prise d´assaut. Les mains se sont levées à cette grande fête païenne ou l´on a adoré le Veau d´or, qui devint son œuvre la plus chère, frappée à 9,2 millions £. Plus ostentatoire que ses autres installations, ce veau baigné dans un aquarium de formol, érigé sur un piédestal de marbre et coiffé d´un disque recouvert d´or, fit monter sa cote d´un cran supplémentaire. Le précédent record enregistré pour Lullaby Spring, s´élevait en effet à 8,6 millions de livres sterling ( juin 2007, toujours chez Sotheby´s).
Jeff KOONS, comme Hirst, gère son entreprise artistique de main de maître. Tous deux emploient une centaine d´assistants, sont soutenus par des poids lourds comme la Gagosian Gallery, collectionnent les enchères millionnaires. Le record de Jeff Koons s´élève d´ailleurs à 11,5 millions de £ (22 947 100 $) pour l´œuvre Balloon Flower (Magenta) vendue le 30 juin dernier chez Christie´s Londres. Ce n´est pas tout. Leurs velléités d´indépendance et leurs connaissances des rouages du marché datent des années 80 : le jeune étudiant en art qu´était Hirst en 1988 s´érigeait en champion de l´autopromotion en orchestrant l´exposition Freeze. Il fut alors repérer par le publiciste, collectionneur et marchand d´art Charles Saatchi, celui qui lança en 1997 les Young Bristish Artists. A la même époque, son aîné Jeff Koons était trader à Wall Street. Lancé dans une carrière artistique, il bénéficia lui aussi d´un sponsor de premier ordre : François Pinault.
Aujourd´hui, leur notoriété est telle que les rôles semblent se renverser : on fait appel à Koons pour « dépoussiérer » le patrimoine culturel de Versailles, à des œuvres « fraîches » de Hirst pour renouveler ce que l´on appelle le second marché.
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